Festival du Lenn à Louannec

Depuis plusieurs années, la commune organise, chaque été, au camping Ernest-Renan, la fête du Lenn. Le temps d’une soirée, locaux et estivants peuvent se détendre autour de concerts. Cette année, la fête devient festival et s’étale sur un week-end, avec en tête d’affiche les rennais Green Lads, ce samedi. (Le Télégramme du 5 août 2023)

Ce sera samedi 5 août 2023 à 18h30 pour BARBARA avec Michel Derrien et Samy Daussat au festival du Lenn.

Visions du Spectacle

La Revue du Spectacle

Avignon 2023

•Off 2023• « Le Banc » Une rencontre sensible convoquant en chacun de nous une ouverture d’esprit éveillée

Sur le quai d’une gare, au milieu de nulle part – si ! Peut-être à Migné-Auxances -, deux femmes attendent le train. L’une est en fauteuil roulant, l’autre est une travestie.

Ce train qui a 46 minutes de retard leur permet d’échanger et de nouer le contact.
Mais parviendront-elles à le prendre finalement ensemble ce train et à nouer les liens ?
Ou au contraire, chacune restera-t-elle dans sa bulle d’indifférence nimbée de leurs différences notoires ?

Cette pièce, écrite par Phanie Ridel-Linet, transporte le spectateur dès les premières secondes dans un univers feutré et intimiste. Quoi de moins intimiste pourtant qu’un quai de gare !

Pourtant, très rapidement, grâce à la parole plus libérée de la femme travestie, ces deux femmes vont sortir de leur zone de confort psychique et mental et partager leurs tourments en toute quiétude dans un total respect de l’autre.

Pour l’auteure, « l’écriture est peut-être le seul espace de liberté où toutes les transgressions sont possibles ». Cette phrase résonne tout particulièrement quand on sait que Phanie Ridel-Linet a fait l’objet d’un AVC, il y a quelques années, et qu’à présent, elle est contrainte de se déplacer « en brouette » (sic la femme travestie), métaphore qui installe le ton de la pièce dans une dimension légère empreinte de bien jolis moments d’humour tendre.

Un fauteuil roulant, alors, pour l’une de ces deux femmes et, pour l’autre, un corps qui n’est pas le sien ou comme dirait Roland Dubillard : « un corps qui n’est pas de moi ».

Il en est ainsi des mystères de la vie parfois : le prénom de l’auteure de la pièce, en grec, signifie « lumière élévation ». Et dans sa pièce, Phanie se lève à sa manière, elle est debout par le biais de ces deux personnages attachants et souvent bouleversants qui nous ouvrent les yeux sur le thème du handicap, du regard que l’on y porte et du droit à la différence.

Aucun pathos cela dit. Juste l’essentiel qui nous ramène à l’essence profonde de l’humain et de ses immenses voies de tolérance possibles, surtout lorsqu’il est écrit ainsi avec une telle sensibilité et cette nécessaire désobéissance qui fait le propre de l’Art.

L’interprétation de la femme travestie, empathique et touchante, par le comédien Serge Le Clanche est fluide, sans trop peu ni trop-plein. Juste ce qu’il faut. Sa collaboration avec un conteur de l’île de Groix en Bretagne lui a probablement insufflé cette sérénité bien présente sur le plateau. « J’ai dit oui à ce rôle sans savoir, peut-être parce que j’ai déjà eu l’occasion de travailler avec Barbara. Me glisser dans la peau d’un travesti était un défi et m’intriguait beaucoup (…). »

Pas de zone de confort donc pour celui-ci qui semble avoir compris la nécessité d’oser au théâtre sans laquelle beaucoup de choses tourneraient en boucle. Celui-ci est très crédible en travesti et sa relation progressive avec la femme handicapée est mesurée et finement calibrée.

Assise tout au long de la pièce dans un fauteuil roulant, la comédienne Barbara Poulain, qui a interprété déjà de nombreux textes d’auteurs célèbres tels Jean-Michel Ribes, Jean-Claude Grimberg, Albert Camus, Shakespeare, Anca Visdei, Yasmina Reza ou encore Éric-Emmanuel Schmitt, nous émeut et nous captive par sa beauté et ses magnifiques yeux bleus, mais surtout par sa capacité à manier sur scène cet imposant fauteuil roulant sur ce plateau exigu du Verbe Fou.

Ces gestes souples, quand elle déplace ses jambes endormies, sont d’une élégance fine et preuve d’un grand professionnalisme. Le fauteuil s’approche souvent des spectateurs du premier rang dans une scénographie qui semble nous dire : « Je vous dérange, mais vous aussi, vous me dérangez ! ».

Ces trois personnes-là étaient faites pour se rencontrer ! Que ce soit un bassin de rééducation ou ailleurs quelque part en Bretagne, que ces choses du théâtre se soient faites explique certainement la très grande sensibilité globale de la pièce.

Loin des Côtes-d’Armor et sous le soleil accablant d’Avignon, « Le Banc » est une pièce qui saura vous séduire et convoquer en vous une ouverture d’esprit éveillée, si tant est que vous ne l’ayez pas déjà ancrée en vous !
Cela dit, si vous venez au Théâtre du Verbe Fou littéraire, c’est que, quelque part, vous l’êtes déjà beaucoup, éveillés(es)…

Brigitte Corrigou
Vendredi 14 Juillet 2023

« Le Banc »
Texte : Phanie Ridel-Livet.
Mise en scène : Phanie Ridel-Livet.
Avec : Barbara Poulain, Serge Le Clanche.
Compagnie Le Tsaddé Théâtre.
Durée : 1 h 15.

•Avignon Off 2023•
Du 7 au 29 Juillet 2023.
Tous les jours à 16 h 30. Relâche le mercredi.
Au Verbe Fou, 95, rue des Infirmières, Avignon.
Réservations : 04 90 85 29 90.

Avignon (article de La PROVENCE 13/07/2023)

Jean-Noël Grando

On a vu au théâtre 95. Le verbe fou, la pièce de Phanie Ridel-Livet, visible jusqu’au 29 juillet

On trouve de drôles de personnes sur les bancs publics. Loin des amoureux de Georges Brassens, un homme et une femme de rencontrent sur le banc d’un quai de gare. Elle est handicapée moteur, lui est travesti. Deux solitudes, deux personnalités, deux existences se télescopent.

On est loin du combat qu’on aurait pu imaginer entre deux personnalités aussi différentes. Ce sont, bien au contraire, des liens qui vont se nouer, tant dans l’empathie que dans la douleur, et tenter de donner une leçon de vie à chaque protagoniste.

Le texte de la pièce, d’une grande sensibilité dévoile peu à peu les contours des personnages. On comprend leurs souffrances, leurs désirs, leurs passions. Et le terrible regard des autres ! Comment exister dans un monde stéréotypé quand on est différent ?

La performance revient aux deux comédiens qui jouent une partition tout en finesse et en retenue, avec une belle émotion. Barbara Poulain campe avec talent une femme mélancolique mais dont la lumière ne demande qu’à jaillir. Face à elle Serge Le Clanche, sans jamais prêter le flanc à la caricature, apporte grâce et finesse à son personnage. On savoure les mots de l’auteur par le prisme des acteurs et on se prend d’empathie pour ces deux êtres bousculés par la vie, qui ne recherchent rien, sinon un peu d’amour. Le constat de leurs échecs est sans appel, malgré leur conversation pleine d’espoirs. D’une sobriété efficace, la mise en scène souligne la résilience de ces deux perdus de la vie. Et pourquoi pas, nous aussi, ne pas partager ce banc avec l’un d’entre eux ?